
Le 18 Mai 2007, Mr Badr Eddine Arodaky, alors Directeur Commercial de l'IMA, écrit au gérant de la société Yara Prestige :
" Monsieur le Directeur,
Je vous prie de bien vouloir nous communiquer la liste des noms du personnel employé par Yara Prestige sur le site de l'Institut du monde arabe et toujours en poste en date du 31 Août 2007.
Je vous remercie de préciser également les points suivants :
1. La nature de chacun des contrats
2. Les qualifications de chaque salarié
3. La date de début de contrat
4. Le salaire brut "
La société Yara Prestige répondra à cette demande en date du 30 Mai 2007 par une lettre remise en mains propres contre décharge.
"Monsieur Arodaky,
En réponse à votre lettre datée du 18 Mai 2007, vous trouverez ci-joint les fiches des salariés employés par YARA PRESTIGE sur le site de l'IMA. Cette liste comporte toutes les précisions demandées (nature du contrat, qualification, date d'entrée et le salaire brut)."
Le 1er Août 2007, le DRH de l'Institut du Monde Arabe, Mr Pierre Emmanuel Bourguoin entre en scène et envoie un courrier à l'entreprise Yara Prestige :
"Dans le cadre de l'application de l'article L.122-12 du code du travail relatif à la reprise du personnel affecté à une entité économique autonome qui doit être transférée, et conformément à l'article 4 du contrat de concession signé avec votre société, je vous remercie de me faire parvenir sans délai les éléments suivants :
-Copie certifiée des DADS pour les années 2005 à 2007.
-Copie certifiée du registre du personnel.
-Copie certifiée de l'ensemble des contrats de vos salariés travaillent dans les locaux de l'IMA aux activités qui font l'objet du contrat de prestataire."
Yara Prestige répond à cette demande le 14 Août 2007, par une lettre remise en mains propres contre décharge.
Entretemps, le 13 Août 2007, le collectif des salariés de la restauration de l'Institut du Monde Arabe écrit au président, Mr Baudis, pour lui faire part de leurs grandes inquiétudes, car aucun repreneur officiel n'a été désigné.
Le 20 Août 2007, Mr Baudis leur répond, dans une lettre signée par lui-même, et voici ce qu'il affirme :
"(...) Votre courrier du 13 Août 2007 a retenu toute mon attention. Je comprends les inquiétudes dont vous me faites part au regard des modalités d'application de l'article L.122-12 du code du travail.
La question des négociations avec le futur exploitant relève de la responsabilité de l'Institut du monde arabe. Elle est couverte par le secret des affaires tant qu'elle n'a pas abouti.
Les délais de négociations sont certes en décalage par rapport au calendirer de l'appel d'offres. Toutefois celui-ci était un calendrier prévisionnel. Il s'agit par ailleurs d'un calendrier contraint compte tenu de la complexité de la négociation et de la période de congés. Nous faisons tout pour le tenir.
(...) Toutefois, l'obligation de reprise au titre de l'article L.122-12 s'impose au successeur, même en cas d'interruption temporaire d'activité.
Je vous prie de croire que nul plus que moi n'est soucieux d'éviter tout décalage dans la reprise de l'exploitation.
Les salariés de Yara Prestige et l'IMA ont donc un intérêt commun à ce que les négociations avec le nouvel exploitant aboutissent le plus rapidement possible.
Naturellement, et en application de l'article L.122-12, je transmettrai au nouvel exploitant, dès qu'il aura été désigné, les éléments qui doivent lui être transmis relativement à la reprise du personnel afin que les dispositions légales soient strictement respectées."
Le 31 Août 2007, c'est au tour du Directeur Général Adjoint de l'Institut du Monde Arabe, Mr François BAUDET, d'enfoncer le clou à ce sujet dans une lettre adressée au concessionnaire sortant :
"Monsieur le Gérant,
Je vous informe par la présente qu'un échange de lettres a été signé ce jour avec la société Noura (27 avenue Marceau, 75 116 Paris...) en vue de l'exploitation des restaurants de l'Institut du monde arabe.
(...) Nous avons d'ores et déjà communiqué à la société NOURA vos coordonnées afin qu'elle puisse prendre contact avec vous dans les meilleurs délais notamment pour l'exécution de l'article L.122-12 relatif à la reprise des contrats de travail."
Le 14 Septembre 2007, c'est à présent le DRH de l'IMA, Pierre-Emmanuel Bourgouin qui s'empare du problème, et écrit, dans une lettre adressée au sortant :
"(...) Je vous rappelle que, pour sa part, l'IMA n'a cessé de rappeler au futur preneur les obligations pesant sur lui au titre de l'application de l'article L.122-12 du code du travail. L'IMA a souhaité que ce point figure expressément dans le protocole d'accord qu'il a signé avec le preneur potentiel le 31 Août dernier."
En effet, le cahier des charges de l'appel d'offres public mentionne clairement l'existence des salariés et leur possible transfert en vertu des modalités d'application de l'article L122-12 du code du travail :
" A l'issue de l'actuelle délégation, en application de l'article L.122-12 du Code du Travail, le futur délégataire pourra être conduit à reprendre à sa charge, à compter de la date d'entrée en vigueur du nouveau contrat l'ensemble des personnels qui étaient jusque là affectés à la déléguation du service de restauration à l'IMA.
En vertu de l'article L.122-12 du code du travail, l'actuel exploitant précise les postes concernés, le nombre d'agents, le caractère partiel ou à temps complet du poste, les rémunérations, l'ancienneté, la convention collectivité applicable, les droits acquis."
Aujourd'hui, NOURA nous dit qu'il ne connaissait pas l'existence des salariés, car en arrivant sur les lieux, il en a trouvé aucun : on se demande bien à quel appel d'offres l'enseigne a candidaté !
Encore plus étrange, l'attitude de l'Institut du Monde Arabe, d'une grande contradiction : on ne cesse de parler de l'article L.122-12 pendant des mois, et puis, au moment de l'arrivée du repreneur, on met ce sujet de côté, et on laisse Noura n'en faire qu'à sa tête.
Pire encore, comment interpréter ce revirement dans le contrat signé entre l'Institut et la société "Noura IMA" (qui va exploiter la restauration sur le site). Voici en effet une phrase extraite du contrat signé entre les deux parties, relative à l'article L.122-12 :
"Le Déléguataire sera seul responsable de son personnel dont il sera le seul employeur. Il fera son affaire, le cas échéant, de l'appplication de l'article L.122-12 du Code du Travail".
Que signifie ce revirement ?
Que dire de plus des propos tenus par des représentants de l'Institut au journal le Parisien dans une dépêche datant du 24 octobre 2007 :
« Dans nos négociations, nous avions insisté pour que Noura reprennent tous les employés, comme l'exige l'article L 122-12 du Code du travail », précise le cabinet du président de l'IMA, Dominique Baudis. Las : dans une lettre reçue hier, le traiteur estime que « l'article (...) n'est pas applicable en l'espèce ». « Nous sommes perplexes concernant ce revirement. Si nous l'avions su, nous n'aurions pas retenu cette enseigne », assure la direction du musée. L'affaire passera devant les prud'hommes le 14 novembre."
On se demande bien à quoi joue le cabinet du président de l'IMA...
"Monsieur,